Reconstitution du costume de la Cafrine
3ème partie : le résultat
La Cafrine & le bébé
Nous sommes fiers de vous présenter notre dernier projet de reconstitution historique, basé sur cette aquarelle du Duc de Trévise, datant de 1861.
Afin que vous ne manquiez d'aucune information, nous vous proposons :
- l'article à propos du peintre Hippolyte Charles Napoléon Mortier, Duc de Trévise
- la 1ère partie de cette reconstitution expliquant l'aquarelle ainsi que les recherches de Dominique VANDANJON-HERAULT à son propos dans l'article Une Cafrine avec son bébé, au Tampon
- la 2ème partie concernant la confection des différents éléments dans l'article Reconstitution de la Cafrine - 2nde partie : la confection
Le résultat
Le foulard de tête
de couleur orange ocre
La robe bleu indigo
dont le tissu a certainement été donné par le propriétaire terrien pour lequel elle travaille
Le porte-bébé
Un pagne, rayé de rouge avec des motifs qu'il est difficile de percevoir sur l'aquarelle
La clé
Nos hypothèses portent sur le fait qu'elle possède la clé de la propriété où elle travaille, preuve de confiance de son employeur
Le bébé
Il semble jouer avec la clé, nonchalamment pendue devant lui afin de l'occuper
Pieds nus
Comme la plupart des illustrations et photos de l'époque que nous avons rassemblées
Coutoisie de l'Iconothèque Historique de l'Océan Indien
Le foulard de tête
Noué simplement autour de la tête. Malheureusement la pièce de tissu était trop grande; Marame s'en est malgré tout facilement accomodé.
Le bébé
Merci à Marame d'avoir accepté que son fils fasse la figuration :) il s'est paisiblement endormi, et c'est peut-être ça qui fait que la tête du bébé sur l'aquarelle originale, dodeline voire tombe
La clé
Une belle clé à l'ancienne trouvée à la brocante, nettoyée et dérouillée au maximumn attachée à une simple corde autour du cou
Le porte-bébé
Un tissu blanc rayé rouge, solide et non extensible, se rapprochait le plus de ce qui est représenté sur l'aquarelle
La robe
Cousue dans un chambray de coton, teint en bleu au préalable.
Pieds nus
Le shooting en studio offre un certain confort à nos modèles, bien que celui-ci nécessite d'être pieds nus
Crédit Studio Non Peut-Être
Entretien avec notre modèle
Il était intéressant de pouvoir parler de cette illustration avec notre modèle, Marame, originaire du Sénégal.
Dominique VANDANJON-HERAULT a d'ailleurs expliqué dans son article Reconstitution de la Cafrine - 1ère partie : la cafrine et son bébé, au Tampon les liens entre l'île de la Réunion et le Sénégal au XIXème siècle.
Si les informations sur la robe se trouvait en ligne, j'étais perplexe quant au nouage du foulard de tête et du "porte-bébé".
Le foulard de tête
Ne couvrant que très peu ma tête, je ne suis pas du tout au fait de l'utilisation de tissu comme couvre-chef.
Marame a rappelé l'existence des "lois Tignon" forçant les femmes noires et métisses à couvrir leurs cheveux, afin de "moins attirer les hommes blancs" tout en leur faisant afficher leur statut social et leur "différence" face aux femmes blanches (je rappelle que ce sont des mots du XVIIIème siècle, et non les miens)
La coquetterie ne s'arrêtant pas à une telle loi, ces femmes visées par cette loi s'en sont accomodées et ont trouvé myriades de styles et d'usages (notamment des messages cachés suivant le nouage)
Si cette loi n'existe plus, beaucoup de femmes noires et métisses continuent d'utiliser un tissu pour agrémenter leur tenue, ou protéger leurs cheveux. La perruque est également beaucoup utilisée mais l'utilisation et le rendu diffèrent du foulard de tête.
Marame a expliqué que pour que le foulard soit si "plat", notre cafrine a certainement le crâne rasé, ou les cheveux très courts, ou encore une coiffure courte qui plaque ses cheveux sur son crâne.
Le nouage est finalement assez simple, et aisément reproductible. A condition d'avoir moins de tissu...
Ces techniques ne ressemblent pas à celle utilisée par notre cafrine. L'image ci-contre, en revanche, correspond totalement.
Apparemment très simple à nouer, cette technique laisse à la mère une grande liberté de mouvements, sans que des petites mains se retrouvent au milieu, ou que de la nourriture lui tombe sur la tête (...s'en est-il vraiment rendu compte ??)
C'est donc cette technique que j'ai demandé à notre modèle d'utiliser, car l'ayant déjà vue l'utiliser, je savais qu'elle lui était totalement familière.
Ni une ni deux, elle avait terminé. Si mon fils ne bougeait pas autant, j'essaierais bien...
Selon Marame, et selon différentes sources, la cafrine sur l'aquarelle utilise un pagne. En effet, un rectangle de tissu pouvant envelopper un corps, peut également envelopper un bébé et le tenir en place.
On voit d'ailleurs, sur les premières photos du nouage du porte-bébé, Marame porter le "pagne" autour de ses hanches.
Mais bien que la forme soit d'apparence simple, le porte-bébé utilisé est un objet chéri par la mère, souvent donné par sa mère ou par la communauté proche. Il sera en effet souvent utilisé et bien utile pendant les premières années.
Je glisse ici une dernière anecdote d'un bon ami, Malien. Aîné de sa famille, il dit malgré tout (et malgré son âge avancé) se souvenir de quand sa mère le portait sur son dos, avec énormément d'émotions. Pour se souvenir d'une telle impression aussi jeune, j'imagine que ça devait être particulièrement rassurant pour lui !
Remerciements
Aperçu du backstage
C'est toujours un immense plaisir de recevoir des personnes prêtes à partager l'aventure avec nous, à donner vie à ces documents iconographiques si importants pour la mémoire et la culture Créole.
Et voir son travail prendre vie si facilement, être porté et surtout, être confortable pour le.la modèle, est très gratifiant.
Cette reconstitution ainsi que celle du Citoyen (voir Reconstitution du costume du Citoyen - 3ème partie : conclusion) sont exposés dans
- la Galerie Non Peut-Être -
et dont
- l'Art-o-theek -
(système de location d'oeuvres pour des particuliers et/ou des professionnels)
permettra de financer nos projets afin qu'ils perdurent.
Venez nous voir (rendez-vous requis, sauf le 1er dimanche de chaque mois)