Les machines à coudre en Belgique au XIXe siècle
Après nos articles sur
- Les machines à coudre au XIXème siècle - 1ère partie : petit précis historique
- Les Machines À Coudre Au XIXème Siècle - 2ème Partie : arrivée sur l'île de la Réunion
Voici le dernier article de ce triptyque, qui nous l'espérons, vous permettra de mieux imaginer et comprendre le contexte historique ainsi que les pratiques liées à la confection des vêtements à l'époque.
En faisant des recherches, j'ai été étonnée de certains points qui n'étaient pas sans nous faire penser à des évenements récents. Je vous laisse découvrir :)
Géographie de la Belgique
Bien qu'étant certaine que nos lecteurs.trices éclairé.es connaissent très bien la Belgique, je voudrais juste faire un petit récapitulatif de la topographie des territoires tout en ajoutant des informations rapides concernant les différentes industries majeures présentes au XIXe siècle
Gand
Industrie cotonnière et linière
Wetteren
Industrie cotonnière
Termonde
Industrie cotonnière
Renaix
Industrie cotonnière
Saint-Nicolas
Industrie cotonnière
Courtrai Izegem
Industrie linière
Verviers
industrie lainière
Ensival
industrie lainière
région du Borinage
industrie houillère
la Louvière
industrie houillère
Région de la Basse Sambre
industrie houillère
Pays de Liège
industrie houillère
Spécialisée dans l'industrie textile encore aujourd'hui, cette région est depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale plus riche grâce notamment au bénéfice de ses infrastructures portuaires.
Pour nos lecteurs francophones, sachez que les Flamands parlent... flamand, un dialecte du néerlandais.
Si le coeur vous en dit, vous pouvez cliquer sur le petit drapeau Hollandais en haut de la page afin d'y découvrir nos articles traduits dans cette langue. La Belgique étant trilingue, nous avons fait le choix de tout traduire en néerlandais en plus de l'anglais.
La région de Bruxelles, enclavée en Flandre, comprend notamment la ville de Bruxelles, capitale de la Belgique et de l'Europe.
Les langues officielles sont le français et le flamand.
L'industrie du textile présente sur ce territoire sera développée dans la suite de l'article.
Très riche avant la Seconde Guerre Mondiale grâce à des territoires permettant l'excavation de matériaux tels que la houille et le charbon.
Les Wallons parlent...wallon, dialectes du français.
On constate la présence importante des industries cotonnière, linière, lainière, et houillères.
L'industrie du textile Belge
La plupart des révolutions industrielles s'opèrent dans des pôles attractifs, et Bruxelles n'a pas échappé à cette règle. C'est pour cela que je vous propose de nous focaliser sur cette capitale.
Carte postale de l'Exposition Universelle de Bruxelles, 1897
Comment se procurait-on des vêtements avant l'arrivée de la machine à coudre ?
Il n'est pas toujours facile de se représenter une société où le prêt-à-porter n'est pas encore la norme comme aujourd'hui. Le premier "Grand magasin" - Au Bon Marché - apparaît à Paris en 1852, et il faudra quelques décennies avant que l'industrie et les réseaux commerciaux n'en fassent une généralité quasi mondialisée. Notre période d'étude se situe donc à ce moment pivot où la couture est encore une nécessité usuelle pour la plupart des gens, et une compétence vitale pour certains.
"Celui qui, avant les années 1830, désirait s’acheter un vêtement, avait, en fonction de ses moyens financiers, plusieurs options.
Le public des classes moyennes et supérieures s’adressait à des tailleurs et des couturières qualifiées qui fabriquaient l’article demandé sur mesure.
Celui qui n’en avait pas les moyens pouvait acheter ses vêtements sur le marché très différencié de seconde main ou les confectionnait lui-même.”
les Cahiers de la Fonderie, n°15, décembre 1993, “le vêtement et les dessous de la confection” d’Eliane GUBIN et Jean PUISSANT
Tailleur
Personne, artisan qui fait des vêtements sur mesure ; personne qui dirige l'atelier où on les confectionne. "Se faire faire un costume sur mesure chez un tailleur."
Est-ce que l'expression "assis.e en tailleur" viendrait d'ailleurs de ce métier, où le tailleur, assis sur la table travaille les jambes croisées, comme celui en haut à droite de l'image ? ...mais je m'égare...
WENTZEL Jean Frédéric "Der Schneider" (le tailleur) 1847
Source Gallica BNF
Les tailleurs face à la machine à coudre
Le public visé par notre projet (de la classe ouvrière) n'avait probablement pas les moyens de payer les services d'un tailleur pour leurs tenues. J'aimerais cependant montrer l'évolution de ce métier suite à l'apparition des machines à coudre, car les changements ont été visibles en dehors du seul métier de tailleur : c'est toute l'industrie de la mode qui a été profondément modifiée.
"La seule grande innovation technologique pour les tailleurs a une apparence modeste : il s’agit de la machine à coudre. Si elle a été introduite en Belgique vers 1860, on ne connaît pas les chiffres de sa diffusion. Malgré les résistances qu’elle a suscitées dans un premier temps, il semble qu’elle s’est rapidement répandue au point qu’en 1900, la majorité des tailleurs s’en servent." (les Cahiers de la Fonderie, n°15, décembre 1993, “les tailleurs Bruxellois au 19ème siècle” de Sven STEFFENS)
- Sven STEFFENS mentionne des "résistances", mais quelles sont-elles ?
Dans l'article Les machines à coudre au XIXème siècle - 1ère partie : petit précis historique, il a été mentionné que la création de la machine de Barthélemy THIMONNIER avait suscité de vives réactions notamment au sein des tailleurs, qui en protestation avait brûlé son atelier.
Source Gallica BNF
Ci-contre "Le petit Français Illustré" du 26 septembre 1891, un exemple de publication où l'histoire de l'invention de Barthelemy Thimmonier est abordée: on y mentionne d'ailleurs l'hostilité rencontrée lors de la sortie de sa machine ainsi que les efforts déployés pour faire accepter sa machine et celle d'Elias Howe (créateur de machine à coudre américain)
Les petites mains de cette industrie au XIXème siècle
Bien que les tailleurs n'adoptent pas tous la machine à coudre dans leurs magasins et/ou ateliers, d'autres personnes y voient un intérêt : des entrepreneurs.
S'installe alors un système pyramidal avec
- des entrepreneurs (qui s'occupent de l'achat des matières premières et le démarchage des clients)
- des intermédiaires (cherchant des sous-traitants pour répondre à la demande des clients)
- des ouvriers.ères (travaillant parfois dans des ateliers, plus souvent de leur domicile, prenant donc en charge les frais autres que les matières premières, à savoir : l'achat de la machine, ses réparations, et des frais découlant du travail à domicile que nous connaissons maintenant que nous avons tous récemment vécu un confinement...)
"Ce marché proposait de plus en plus des produits de moins en moins chers, car ils économisaient sur la main d'œuvre, en effet les entrepreneurs du secteur vestimentaire recouraient de plus en plus à la sous-traitance et spécialement à une forme particulière de sous-traitance : le travail à domicile."
Léon Delachaux, La Lingère - Intérieur, Vers 1905, ©Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais
"Pourquoi ces entrepreneurs ont-ils opté, à l’ère de l’usine, pour un système de production décentralisé, alors qu’à partir de 1840, un énorme progrès avait été réalisé sur le plan technique grâce à l’invention et au perfectionnement ultérieur de la machine à coudre ? Les arguments avancés pour le choix de la production décentralisée dans l’industrie vestimentaire du 19ème siècle, sont ceux qui étaient valables depuis quelques siècles pour le système de “putting-out” : les entrepreneurs commerciaux en question pouvaient se limiter à passer la commande et à s’occuper de l’achat de matières premières et de la vente des produits finis; toutes les charges et les coûts liés à la production incombaient aux sous-traitants."
[...]
"Le caractère capricieux et l’imprévisibilité de la demande n’étaient pas pour encourager les investissements dans des bâtiments et des machines qui resteraient sans doute inoccupés ou sous-occupés pendant une certaine période de l’année. [...] La pénurie et le coût élevé du terrain et des bâtiments dans les centres (capitales d’Europe de l’Ouest et dans les grandes villes) étaient un argument supplémentaire contre la concentration de la production."
(les Cahiers de la Fonderie, n°15, décembre 1993, “le prix de la confection” de Patricia VAN DEN EEKCHOUT)
Dans "les cahiers de la Fonderie" n°15 de décembre 1993, Patricia VAN DEN EEKCHOUT et d'autres auteurs.trices (cités ci-dessus et ci-dessous) expliquent très bien les transformations de cette industrie. Je vous recommande la lecture de ce document (format numérique, payant) si vous souhaitez en apprendre plus et voir les transformations jusqu'au XXème siècle.
Pour cela, mettez-vous en contact avec le centre de documentation du musée de la Fonderie de Bruxelles, ils sont très à l'écoute et réactifs. Visitez également le musée si vous en avez l'occasion ;) Il vaut le détour.
La Grande Distribution
S'installent progressivement entre les consommateurs et les producteurs, des grossistes et des détaillants qui deviendront à partir de la moitié du XIXème siècle :
les grands magasins.
C'est en 1869 que le fameux magasin Hirsch et Cie s'ouvre sur la rue Neuve à Bruxelles, véritable "bonheur des dames" comme les a nommés Zola. Ce magasin, bien connu des Bruxellois, se spécialisait dans les vêtements de luxe pour femme et attire une clientèle fortunée.
Pour plus d'informations sur les Magasins Hirsch, je vous recommande la lecture de "Hirsch & Cie" de Véronique POUILLARD, disponible gratuitement sur le site d'Academie.edu
Notons également un autre changement qui a suivi l'accélération de cette industrie :
La mode a en effet, un caractère changeant; Les journaux de l'époque montrent une évolution rapide des styles (pour l'époque) et incite les bourgeoises à changer pour se maintenir "à la mode"
Un exemple de journal : l'hebdomadaire La Mode Illustrée, créé en 1860, dont voici la parution du 7 janvier 1860, disponible sur le site de la Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs de Paris
Vous pouvez constater que non seulement ils introduisent des styles, mais donnent également des instructions pour des travaux manuels, des histoires, du courrier des lectrices, etc.
L'ampleur du phénomène
"Par rapport au pays, l’emploi dans la confection Bruxelloise dépasse les 20% entre 1896 et 1947"
[...]
"En 1896, la confection est le plus important secteur tant en terme d’emplois (salariés et indépendants) qu’en nombre d’établissements. Il y a dans la commune de Bruxelles autant de travailleurs que dans toutes les autres réunies."
(les Cahiers de la Fonderie, n°15, décembre 1993, “une capitale de la confection” de Michel DE BEULE)
"Commune" de Bruxelles
En Belgique, le terme "commune" désigne grosso modo ce que nous appelons arrondissement
A Bruxelles Capitale, il y a 19 communes, dont la commune de Bruxelles
Un secteur presque aussi florissant que le Charbon
"Ainsi, d’après le recensement industriel de 1896, les métiers du vêtement occupent alors, en Belgique, environ 107.000 personnes (patrons, employés et ouvriers confondus) et se placent, à peu de distance près au deuxième rang derrière l’industrie du charbon avec environ 122.000 personnes et bien avant l’industrie du bâtiment avec environ 67.000 personnes. De plus, à Bruxelles, l’industrie du vêtement occupe clairement le premier rang : le recensement industriel de 1910 affiche 11.980 personnes pour Bruxelles-ville, le deuxième secteur y étant l’industrie du bâtiment avec 4303 personnes."
La Maison du Peuple de Bruxelles
Célèbre bâtiment, lieu de rencontre au centre ville pour le Parti Ouvrier Belge. D'autres ont également existé dans d'autres villes
Le travail à domicile est la norme
[...]
"Un détail particulièrement révélateur de l’importance du travail à domicile est fourni par l’expérience vécue par la coopérative socialiste de production de vêtements, à Gand: dans les années 1880, le Vooruit Gantois essaie de garder ses ouvriers à l’atelier afin de leur offrir des conditions de travail plus humaines. Du point de vue de la productivité et face à la concurrence “capitaliste”, les résultats sont néanmoins si peu probants qu’elle doit renoncer, dès 1898, à ce système et recourir, elle aussi, au travail à domicile. Dissuadée par l’expérience gantoise, la coopérative de production de vêtements de la Maison du Peuple à Bruxelles applique d’office le travail à domicile."
[...]
"L’extension du travail à domicile doit avoir connu une forte accélération, à Bruxelles, pendant les années 1860 et 1870, puisque les marchands tailleurs Bruxellois fondent, en 1880, une école professionnelle pour tailleurs, la première du pays. Comme justification, ils avancent la suppression de la plupart des ateliers et les défauts rencontrés dans l’apprentissage tel qu’il se pratique chez les ouvriers à domicile."
(les Cahiers de la Fonderie, n°15, décembre 1993, “les tailleurs Bruxellois au 19ème siècle” de Sven STEFFENS)
La création d'écoles professionnelles
Si le sujet vous laisse à penser que je m'égare, regardons ensemble en quoi cela est lié au sujet, et l'importance que cela a pris à partir de 1860.
"Un autre élément qui signale indirectement la progression du travail à domicile, est le débat autour de la crise de l’apprentissage. Au fur et à mesure que les ouvriers travaillent à la maison, les apprentis se forment chez eux et non plus à l’atelier du maître-tailleur. En l’absence de conseils prodigués par ce dernier, sans comparaison permanente avec le savoir-faire d’autres ouvriers que l’on rencontrait auparavant au même atelier, et vu la diminution des exigences du travail rencontrée dans le domaine de la confection, la qualification professionnelle des ouvriers subissait une dégradation certaine."
(les Cahiers de la Fonderie, n°15, décembre 1993, “les tailleurs Bruxellois au 19ème siècle” de Sven STEFFENS)
Marianne de VREESE écrit dans "l'Association pour l'enseignement professionnel des femmes et les débuts de l'école Bischoffsheim à Bruxelles, 1864-1868" (lien vers document pdf) que
"Au XIXème siècle, nombreuses étaient les femmes qui trouvaient leurs moyens d'existence dans le travail. Sans instruction soumises à un long apprentissage dans un atelier souvent malsain, à la merci d'un patron d'abord fort soucieux du gain, les femmes au travail furent victimes de tous les préjugés et exploitées. Dès 1840, différentes tentatives ont été faites pour apporter une amélioration à cette situation. En théorie, il était facile de critiquer les ateliers et de dénoncer l'ignorance des femmes, mais y apporter une solution réelle et efficace en a découragé plus d'un, tandis que d'autres semblaient s'en accomoder"
Des instituts sont créés afin de former les tailleurs ou couturiers, mais malheureusement le sexe féminin reste toujours à l'écart car la loi Belge de 1850 fixant l’enseignement officiel avait passé sous silence celui des filles et des institutrices : ils ne leur restaient alors que les écoles religieuses et les pensionnats. Ce manque de perspective explique certainement que leur "mauvais niveau", critiqué par les employeurs, n’était pas dû à un quotient intellectuel déficient, mais bien plutôt à la situation de l’enseignement de cette époque.
Vers 1860, un mouvement féministe venu d'Angleterre, gagne le continent et la société bourgeoise s'enquiert de l'éducation des futures mères au foyer, qui sont l'âme du foyer.
L'opinion, principalement libérale et bourgeoise, s'émeut de la misère, morale surtout, des classes laborieuses. Une volonté d'étendre l'enseignement à toutes les couches sociales prend forme car : "il apparaît que c'est l'infériorité intellectuelle de l'ouvrier qui est cause de son infériorité sociale. [...] mieux vaut l'intégration que la ségrégation si l'on veut maintenir l'ordre établi." explique toujours Marianne DE VREESE.
L'idée fait son chemin, et des essais d'apprentissage du métier, combiné à un enseignement général apparaissent mais rien ne dure vraiment, car les apprentissages se font en atelier, et les patrons se souciaient plus de l'apprentissage du métier et de leur production, que de l'apprentissage de ses employés.
En 1862
Elisa LEMONNIER ouvre la première école professionnelle pour jeunes filles à Paris, gérée uniquement par des femmes pour des jeunes femmes.
Le programme comprend un enseignement général, un enseignement professionnel commun et des enseignements spécialisés. Ces cours sont accessibles aux jeunes filles dès l'âge de douze ans.
Elisa LEMONNIER
En 1864
Zoé GATTI DE GAMOND
Zoé et sa fille Isabelle ont beaucoup oeuvré pour l'émancipation féminine en Belgique, notamment prônant l'égalité homme-femme dans le domaine de l'artisanat car le travail produit est de valeur égale.
Elle a également beaucoup milité pour l'ouvertures d'écoles pour jeunes filles des classes ouvrières, financées par les classes supérieures.
Sa fille, Isabelle, a repris le flambeau et a quelque peu fait oublier sa mère, mais son travail en reste pour le moins remarquable, avec notamment une école moyenne pour filles en 1864 à Bruxelles.
Ce site de la Fédération Wallonie-Bruxelles explique d'ailleurs les difficultés d'accès à l'enseignement des jeunes filles au XIXème siècle si vous souhaitez en savoir plus.
En 1865
Jonathan-Raphaël BISCHOFFSHEIM était un financier, un homme politique libéral et s'est notamment distingué par ses actions philanthropique.
En 1864 sera créée l'Association pour l'enseignement professionnel des femmes, qui prendra le nom d'un de ses principaux fondateurs, Mr BISCHOFFSHEIM, en 1891.
Cette école perdure depuis avec l'Institut Bischoffsheim, école secondaire professionnelle dans le domaine du textile, de l'art et de la coiffure.
Jonathan-Raphaël BISCHOFFSHEIM
Les écoles promeuvent leurs enseignements comme suit
Afin d’améliorer le sort des femmes, de combattre leur ignorance et leur dénuement, sources de toutes les misères et tous les avilissements, afin de leur offrir de meilleurs chances dans la vie tout en leur donnant plus de force morale et plus de sécurité contre les dangers auxquelles elles sont exposées, le programme de la nouvelle école combine enseignement général et cours professionnels."
et rencontrent un franc succès !
Ecole professionnelle Bischoffsheim, Bruxelles. Cours de dessin 1ère année
Et aujourd'hui ? Qu'en est-il ?
Le métier de tailleur
En cherchant des exemples de tailleurs, j'ai effectivement trouvé quelques exemples (principalement masculins), et souvent proches de la retraite, dont voici une toute petite sélection.
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Âgé de 84 ans, Janab Azize est tailleur depuis son adolescence, un métier qu’il exerce avec amour et passion depuis 70 ans déjà.
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Avec ses 88 ans, Monsieur Badel a près de 70 ans d’expérience, 70 ans à prendre des mesures, dessiner des patrons, couper, bâtir, coudre dans la boutique ouverte par son père en 1927 au 5 rue Pierre Corneille dans le 6ème arrondissement de Lyon
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Tailleur à Granby Canada, Jean Gamache prend sa retraite après une carrière de 63 ans
Le déclin de la demande n'a pas favorisé le développement de ce métier pendant quelques décennies. Mais si on peut penser qu'ils vont disparaître, je peux vous assurer qu'il n'en est rien car récemment les techniques ont repris un certain prestige.
Je me permets de partager des "influenceurs.euses" spécialisés.es dans la création de vêtements sur commande, que cela soit historique, artistique ou juste sur-mesure.
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Barbara Pesendorfer
a fondé le Royal Black en 2006 et créé des pièces créatives avec des techniques de tailleur particulièrement précises
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Zack Pinsent
tailleur spécialiste dans la création de costumes historiques, avec un accent sur l'écologie
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Bernadette Banner
spécialisée dans la reconstitution de vêtements de la fin du XIXème siècle
et accessoirement, son super livre
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Même si vous êtes novice en couture, je vous recommande de faire un tour sur Instagram avec les hashtags #bespoketailoring ou #tailor pour vous régaler les yeux avec des réels d'artisans tailleurs en plein travail, avec une telle facilité pour créer de magnifiques pièces sur mesure...!
D'ailleurs, notre conseillère en stylisme, financements et réseaux, Line DE MUNNYNCK travaille à Café Costume, maison de confection de vêtements sur mesure tenue par la célèbre famille VAN GILS, qui habille hommes et femmes depuis plus de 70 ans.
Voyez comme cette pratique de vouloir un beau costume pour des événements se perpétue :)
La couture en général
un exemple d'article, source RTBF.be
Chose amusante maintenant que la pandémie de la COVID se calme, nous pouvons mieux examiner les tendances et comportements qui se sont développés pendant le(s) confinement(s).
En effet, la cuisine, la fabrication du pain, la (re)décoration intérieure mais aussi des travaux manuels ont été plébiscités. Certains ami.e.s ont cherché à acheter une machine à coudre, sans succès car leur succès a été tel que les stocks étaient rapidement vidés.
Chose ironique : si au XIXème siècle, le travail de couture à domicile était une nécessité pour subvenir à ses besoins, au XXIème siècle pendant le(s) confinement(s) la couture (comme d'autres artisanats) ont été une nécessité pour outrepasser l'ennui dû à l'enfermement.
Depuis, la couture est revenue au goût du jour : on ne coud plus avec un "style de grand-mère", mais c'est une manière cool de participer à la "slow fashion" et au "upcycling"
Les écoles professionalisantes de mode
Ce qui, en France, s'appelle "école professionnalisante" s'appelle en Belgique "haute école". Vous en conviendrez que le choix du nom dénote d'une appréciation pour le système; Sans doute un héritage de ce qui a été mis en place au XIXème siècle justement.
J'ai été étonnée du nombre d'écoles de mode et de stylisme en Belgique, mais surtout à Bruxelles ! D'autant que de ce que j'en lis, beaucoup de Français viennent y étudier.
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La Cambre
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Francisco Ferrer
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Saint-Luc
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College Art & Design
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Syntra
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La Maison de Couture
Si d'aventure vous souhaitiez vous lancer dans la mode, vous auriez le choix dans la seule périphérie de Bruxelles !
Et si aux grandes villes, vous préférez des villes de tailles plus modestes, vous auriez également le choix d'écoles spécialisées dans la mode : cet article de Mode in Belgium vous donne un aperçu des différentes institutions existantes dans ce domaine, à Bruxelles mais aussi au niveau national.
L'industrie du textile à Bruxelles
Au XIXème siècle, l'industrialisation a permis de développer différentes industries, telles que celles déjà en place en Belgique (j'entends ici le lin, la laine et le coton).
Globalement, l'industrie textile Belge s'est bien portée au XXème siècle, malgré les conflits et crises.
- "C'est au début des années 70 que la concurrence se montre plus dure. Les importations en provenance des pays en voie de développement à faible coût de main-d'oeuvre et des pays du bloc de l'Est se font particulièrement ressentir.
- En 1974, les Accords Multifibres réglementent le commerce international en textile et régulent les importations de produits textiles en provenance des pays en développement.
- En 1980, les autorités Belges interviennent afin de soutenir l'industrie. Le Plan Textile comprend un ensemble d'aides sectorielles spécifiques dont bénéficient, dès 1982, la majorité des entreprises textiles Belges. [...]
- L'année 1994 est une année charnière puisqu'elle marque la fin des Accords Multifibres. Une levée progressive des quotas aboutit à la libéralisation totale du marché le 1er janvier 2008."
Ces informations viennent du compte rendu très très complet : "étude préliminaire : Couture, mode et création" Deepak ONNOCKX et Anne VANDERSCHUREN (disponible gratuitement en PDF) du Service Francophone des Métiers et des Qualifications, validée par la chambre des métiers le 12/06/2020) dont je vous conseille la lecture si vous souhaitez approfondir le sujet.
Le gouvernement s'est donc mobilisé pour faire vivre ses industries textiles, jusqu'à un point où la concurrence devint trop rude pour pouvoir continuer.
Chose intéressante : il existe un site du Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles mettant en valeur les bâtiments utilisés auparavant. Cela montre l'importance de l'héritage des différentes industries pour le territoire Belge.
Nous aimerions aller en visiter quelques uns prochainement dans le cadre de notre ASBL Objet Témoin :)
Le mot de l'Auteure : Alicia Piot Bouysse
J'espère avoir pu vous montrer l'importance de l'arrivée de la machine à coudre au XIXème siècle, des changements importants que cela a suscité. N'hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez partager votre expérience familiale à ce sujet, ou si vous avez des commentaires constructifs sur nos articles. Bien sûr, la discussion continue sur les pages Contactez-Nous, Facebook et Instagram du projet !