Peut-être cela vous paraît-il bizarre que nous abordions la genèse des machines à coudre dans le cadre de notre projet de reconstitution historique de vêtements des travailleurs au 19ème siècle.
Il nous a apparu cependant intéressant de montrer l'histoire de ces machines à coudre dans le cadre domestique, notamment leur valeur et leur expansion mondiale pour souligner la différence entre vêtements produits de manière industrielle (phénomène qui commence bien à cette époque) et vêtements produits pour le besoin du foyer.
Le point à la machine
Une chose à retenir pour comprendre la suite, est que nos machines ont un stystème avec 2 fils :
- un qui part du porte-bobine en haut de la machine
- un enroulé sur une bobine en bas de la machine
Pour coudre à la main
Lorsque l'on coud à la main, l'aiguille traverse le tissu et amène le fil de l'autre côté.
Pour coudre à la machine
Les aiguilles de machines à coudre ont le chas de l'aiguille proche de la pointe. Impossible de coudre à la main avec une aiguille de machine à coudre !
D'ailleurs, notre logo représente une aiguille pour coudre à la main : le chas de l'aiguille (où passe le fil) est éloigné de sa pointe.
Il en a été choisi ainsi car la majorité des vêtements créés à cette époque étaient encore cousus à la main
1755
Si certains diront qu'il a inventé la machine à coudre, son unique brevet en rapport dans ce domaine est pour une aiguille à double pointes avec un chas, déposé en 1755, qui aurait été utilisée sur une machine, dont nous n'avons pas de trace.
Cette machine était supposée faire passer l'aiguille au travers du tissu comme le ferait une personne cousant à la main
1790
Cet homme a déposé un brevet en 1790 pour une machine, actionnée par une manivelle, qui travaillerait des étoffes épaisses telles que la toile et le cuir.
Malheureusement la machine n'existait pas jusqu'en 1854 où William Newton Wilson l'a réalisée en la modifiant, car la machine telle que décrite ne fonctionnait malheureusement pas.
1830
La première machine à coudre fonctionnelle était constituée de bois, et utilisait un seul fil qui reproduisait le "point de chaînette" (utilisé en broderie). Ce point était effectué avec un seul fil, et manquait malheureusement de solidité pour des réaliser des vêtements.
Cette machine était réellement une révolution, au point qu'après avoir construit un atelier avec 80 machines pour la première entreprise de couture "mécanique", des tailleurs effrayés de perdre leur emploi mettent le feu à l'atelier de Barthélemy Thimmonier !
La peur d'être remplacé.e par des machines remontent donc à si loin ?
1834
Aucun brevet n'a été posé pour cette machine alors qu'un bond en avant a encore été effectué : la machine utilise cette fois 2 fils (ce qui est le standard de toutes les machines à coudre depuis)
Malheureusement, ne l'ayant pas brevetée et ayant peur de prendre le travail des couturières, il ne commercialise pas son modèle. Jusqu'à ce que...
1851
Son brevet est déposé en 1851 pour une machine améliorée mais inspirée du modèle de Howe. Celui-ci intente alors un procès à Isaac Merritt Singer pour vol de brevet; procès qu'il gagne d'ailleurs, obligeant Singer à partager ses gains avec Howe.
Si Elias Howe avait de la difficulté à commercialiser son produit, c'est bien Isaac Merritt singer qui a réussi à faire rentrer la marque dans notre vie quotidienne, grâce à une campagne publicitaire bien "huilée" : expositions dans les magasins ciblant les foyers plutôt que les professionnels, possibilités de paiement en plusieurs fois, voire location des machines, cours de couture à prix modiques pour apprendre à utiliser la machine, etc.
Quelques exemples de la campagne publicitaire de la marque Singer